dessiner le corps humain les bras jambes bustes

Après les mains, je vous retrouve aujourd’hui pour vous aider à dessiner le corps humain, dans sa globalité ! Le détail de la tête et des pieds ne sera que survolé car ces derniers feront l’objet d’articles dédiés prochainement.

Comme l’article précédent, celui-ci vous donnera les clés de la compréhension de base pour pouvoir dessiner les corps correctement, ainsi que quelques astuces pratiques que vous pourrez appliquer et intégrer à votre style afin de progresser.

Rassurez-vous, beaucoup d’astuces du dossier concernant les mains s’appliquent également au corps ou à tout élément qui touche l’anatomie de vos personnages, donc plutôt que de me répéter sans cesse, je vous invite vivement à reprendre cet article et les rappels qui y sont abordés.
De la même façon, je vous invite à aller lire cet article sur l’anatomie des personnages, rédigé par Karine, dont nous allons reprendre certaines informations afin de les approfondir ensemble.

N’oubliez pas la devise de ce dossier: observer, comprendre, maîtriser et enfin, s’approprier !

L’anatomie du corps humain

Cette fois-ci, entrons directement dans le vif du sujet : le corps.

Un peu à la manière des mains, nous ne faisons pas forcément attention à tous les usages et mouvements automatiques que notre corps peut faire au quotidien.
Par exemple, qui a conscience, tout au long de la journée, que notre cage thoracique se gonfle et se dégonfle à chaque fois que nous respirons ? Qui a conscience des mouvements que nous faisons automatiquement lorsque nous courrons pour attraper le bus, ou pour aller chercher un papier à la photocopieuse ?

Cette fois encore, prenez quelques minutes pour vous observer. Étirez-vous et sentez les muscles de votre abdomen se tendre, vos épaules rouler et s’articuler pour vous permettre de lever les bras. Prenez le temps de sentir les mouvements des os qui articulent votre bassin lorsque vous vous asseyez, levez, ou marchez. Observez les plis de peau qui se forment lors de la flexion de vos membres…

Comment tout ceci tient ensemble et fonctionne ? Comment est faite la structure de notre corps qui nous permet tant de mouvements, avec plus ou moins de souplesse d’une personne à l’autre ?

Étudier l’intérieur pour comprendre l’extérieur

Comment est donc constitué le corps humain ? Pour le savoir, je vous invite de nouveau à commencer ce tuto par vous documenter, afin de vous procurer des visuels spécialisés. Voyez plutôt :

Le corps
Source: anatomiehumaine.com
43c8ff1c5ff35c9b9771a70bdc530f50
Dites bonjour à Basile !
74ef025621f5dddd51b4770af45380eb
3d2b7fc32ea8fccc948d006ea3ea53bf
vladislav laryushin left h2000
16897a5a3a6fb0022e7333af2239c8b5

Note: Ces magnifiques écorchés en 3D sont l’œuvre de Vladislav Laryushin, sur ArtStation, je vous conseille d’ouvrir les images dans de nouveaux onglets pour en apprécier le détail.

Encore plus complexe qu’une simple main, n’est-ce pas ? Et c’est bien normal !
C’est ce petit bijou de la nature et de l’évolution qui nous donne ces formes, ces volumes, et nous permet de réaliser tant de choses au quotidien

Pour vous donner quelques chiffres sur le corps humain:

  • 206 os
    • D’ailleurs, le saviez-vous ? Un bébé possède pas moins de 350 os à la naissance, mais certains sont dits « mous » et se soudent entre eux au long de la croissance.
  • 78 organes (et jusqu’à 315, selon la façon dont les scientifiques les comptent)
    • 5 seulement sont absolument nécessaires à la survie : le cerveau, le cœur, le foie, et au minimum un poumon et un rein.
  • 639 muscles
  • Un grand nombre de tendons qui permettent flexions et extensions
  • Une immense quantité de nerfs

Les différences selon le sexe : le dimorphisme sexuel

Une petite définition pour commencer:

Le dimorphisme sexuel est l’ensemble des différences morphologiques plus ou moins marquées entre les individus mâles et femelles d’une même espèce.

WIkipédia

Souvent, on va penser aux différences de couleurs ou de formes des oiseaux comme par exemple les paons ci-contre, ou encore aux poissons ou aux papillons, et plus généralement, aux insectes.
Mais aussi à la taille, à la stature générale, à la présence ou non d’attributs tels que les bois chez le cerf, contrairement à la biche…
Les exemples de dimorphisme sexuel sont légion.

L’Homo Sapiens que nous sommes faisant partie intégrante du règne animal, n’est bien évidemment pas épargné par cette définition, et des différences anatomiques fondamentales différencient les humains mâles des humains femelles.

2166137862 da9b5f2662 o 700 c
Regarde-moi, j’suis beau !
800px Cervus elaphus 17

Note : Il n’est pas ici question de genre, qui est une construction sociale, mais bel et bien de sexe dans le sens primaire, biologique et ainsi, binaire du terme.
Utiliser les termes « mâle » et « femelle » paraît un peu brut, c’est pourquoi j’utiliserai par la suite les termes « individu masculin » et « individu féminin« , comme c’est le cas en archéologie par exemple lorsqu’on parle de nos ancêtres plus ou moins lointains.

Note²: Les individus intersexes peuvent présenter des spécificités des deux sexes, de façon plus ou moins visible (voire invisible), selon les individus.

Parenthèse fermée, penchons-nous à présent sur les dites différences entre les corps masculins et féminins. Bien sûr, on pensera en premier aux parties intimes, à la pilosité, à la différence en terme de poitrine, de musculature… Mais elles sont présentes dès la structure des humains, à savoir le squelette.

Ces différences varient d’un individu à l’autre, c’est pourquoi les listes évoquées ci-dessous ne sont pas une vérité absolue, mais une généralité. Cependant, il existe quelques différences vraiment spécifiques.

Quelles sont-elles ? Voyons ça en faisant un petit comparatif, de haut en bas :

Chez un individu masculin

  • Chez un adulte, le squelette est en moyenne plus grand
  • Les os sont plus épais et lourds, donnant une stature plus massive
  • La cage thoracique est plus large
  • Les zones d’attache des muscles sont plus marquées, car ces derniers sont plus développés
  • Le crâne est plus gros et lourd, avec des arêtes plus marquées
  • Le menton et la mâchoire sont plus anguleux, carrés

Chez un individu féminin

  • Chez une adulte, le squelette est en moyenne plus petit
  • Les os sont plus fins et légers, donnant une stature plus fine et délicate
  • La cage thoracique est plus arrondie
  • Les zones d’attache des muscles sont moins marquées car ces derniers sont moins développés
  • Le crâne est plus petit et léger, avec des arêtes moins marquées
  • Le menton et la mâchoire sont plus arrondis
EFGSRDF

Enfin, et c’est la différence réellement déterminante pour différencier le squelette d’un individu masculin d’un individu féminin: le bassin.
En effet, les os qui composent l’ensemble pelvien n’ont pas du tout la même forme car leur fonction diffère, et donnent ainsi une silhouette très différente. Un bassin féminin est conçu pour pouvoir laisser naturellement passer un bébé lors de l’accouchement, fonction absente sur un bassin masculin.

  • Les hanches masculines sont plus étroites et hautes
  • Les os iliaques ainsi que leurs crêtes sont plus inclinés et plus proches
  • La cavité pelvienne est en forme de cœur et plus profonde
  • L’angle où le bassin se « ferme » à l’avant est plus aigu
  • Les hanches féminines sont plus larges et courtes, placées bas sur la silhouette.
  • Les os iliaques ainsi que leurs crêtes sont moins inclinés et plus écartés
  • La cavité pelvienne est beaucoup plus large et arrondie
  • L’angle où le bassin se « ferme » à l’avant est plus obtus
edfqrgf 1

Bien observer pour comprendre comment dessiner le corps

L’importance des références…

Une autre répétition, dont on sous-estime grandement l’importance : utilisez des références. Pour tout. Tout le temps. Images ou cours de modèle vivant (selon vos possibilités et/ou votre budget), peu importe.
Je ne développe pas plus cette fois, car ce serait vraiment redondant, mais suivez le lien ci-dessus qui vous mènera à l’article précédent, où j’explique plus en détails en quoi c’est nécessaire et ne peut vous apporter que du positif.

giphy 2
Même les plus grands artistes ont, de tout temps, utilisé des références ou fait prendre la pose à des modèles!

… Et où en trouver

Google images, des collections (ou épingles) Pinterest, mais encore des hashtags spécifiques sur des réseaux sociaux tels que Twitter ou Instagram devraient vous permettre de trouver votre bonheur. Cependant, il existe sur ces mêmes réseaux, ou indépendamment, des comptes ou des sites dédiés.

Les banques d’images

Les banques d’images sont des sites spécialisés qui vous proposent des photographies de personnes dans des poses diverses et variées, dans le but de vous servir de références. Certains ont des comptes directement sur les réseaux sociaux, en plus de sites dédiés.

Certains sont gratuits, d’autres sont payants, parfois les deux, avec un contenu en partie disponible gratuitement, et des sets spéciaux parfois payants…

Je vous ai déjà mentionné l’un des plus célèbres, et celui que je connais personnellement depuis le plus longtemps, Adorka Stock, mais vous pouvez aussi aller voir du coté du site Artist Reference ou encore Deposit Photos, et évidemment, mon favori, Line of Action.

Ce ne sont bien sûr pas les seuls, mais cela vous donnera quelques bases si vous n’en connaissez pas encore.

Le quotidien

La base de la base, c’est la vie de tous les jours. Si vous en avez l’occasion, installez-vous en terrasse, dans un café, sur un banc ou dans une bibliothèque, et regardez autour de vous. Vous avez repéré une personne intéressante ? Sans trop fixer au risque de paraître étrange, dégainez alors un carnet de croquis, et essayez de capturer la pose de votre modèle.

Ce n’est pas grave si votre dessin est imprécis, « sale » ou manque de détails. Ce qui compte, c’est de varier les références pour aiguiser votre regard et votre trait !

Petite anecdote : J’ai été modèle « à mon insu » de cette façon il y a quelques années, lors d’un trajet en train. Un étudiant en arts était assis en face de moi, de l’autre côté du couloir du wagon, et m’a dessinée !

Le sport

Depuis que je travaille mon dessin d’anatomie régulièrement, je cherche des poses toujours différentes et qui me sortent parfois de ma zone de confort. Il est au final assez rare de croiser dans la rue un personne en train de sprinter juste pour la vitesse, de sauter ou de danser, à moins de se rendre dans un endroit propice à ces activités.

Et je me suis rendue compte que certains sports sont d’excellentes banques de références pour les poses les plus dynamiques et complexes, mais également en terme d’angles de vues, grâce notamment aux caméras et appareils photos qui arpentent les événements sportifs.

La dance, la gymnastique et le patinage artistique sont mes trois sports préférés pour voir le corps en mouvement, et en comprendre la souplesse mais également les limites les plus amples. De plus, ces pratiques présentent souvent des athlètes fins, mais dont les muscles sont très biens dessinés, ce qui est idéal pour voir comment le corps et ses volumes s’articulent entre eux.

photo l
Le patineur artistique japonais Yuzuru Hanyu
photographe de danse dans les Yvelines 600x600 1
Crédit photo © Frédéric Gras

Cependant, vous pouvez très bien chercher plus de diversité en terme de morphologie et prendre une haltérophile ou un joueur de rugby en référence, si vous souhaitez une musculature développée différemment.

halterophilie manon lorentz 09 2019
L’haltérophile Manon Lorentz
1769591 37389947 2560 1440
Le rugbyman Sonny Bill Williams

Vous-même

Et oui, cette fois encore, votre propre corps est votre meilleure référence, si vous n’avez pas d’accès à internet ou à votre bibliothèque de référence préférée !

Prenez vous-même la pose, face à votre miroir s’il le faut, ou demandez à une personne en votre compagnie de le faire, prenez une photo, et voilà, vous avez votre référence.

Attention cependant à ne pas trop forcer ou à vous mettre en danger ! Prendre une photo de main, c’est facile et sans risque, mais ne vous amusez pas à faire un grand écart si votre corps n’en a pas la souplesse !

Les corps dessinés par d’autres

Il est toujours intéressant de voir comment les artistes qui vous inspirent représentent le corps. Cela fait partie du travail de collecte de référence, même s’il ne s’agit pas de “vraies” références photo, comme évoqué plus haut.

Cela vous permet de voir comment ils appréhendent les volumes, la lumière dessus, leur petite touche personnelle, en quoi le corps dessiné diffère du corps photographié ou simplement imité, et comment vous pouvez vous en inspirer pour adapter ce dernier à votre style.

Des plus réalistes…

th
L’Homme de Vitruve, Léonard de Vinci, vers 1490
g71dhfltiulz scaled
Dusk, Alphonse Mucha, 1899
La Pieta Michel Ange
La Pietà, Michel-Ange, 1499
ESXKWGsXkAAVm09
Fanart de Kim Taehyung, Anna Obscur, 2020

… Aux plus stylisés

Je vous propose ci-dessous un petit panel d’artistes qui ont pu m’inspirer et/ou qui m’inspirent encore, pour vous montrer à quel point le dessin du corps peut être varié en terme de style, tout en étant correct pour autant, même si les proportions ne sont pas toujours réalistes !

85a406c038f412f8182fd04a8f534c54
Roy Mustang, Fullmetal Alchemist, Hiromu Arakawa
2d7fac3c2597addafcdfb713a5ce5821
Oscar, La Rose de Versailles, Riyoko Ikeda

Ci-dessus, pour rester dans le style manga, notez la différence entre les proportions et les volumes plus ou moins déformés, plus ou moins réalistes… Et ci-dessous, dans des styles plus occidentaux.

unnamed
Rahan, Roger Lécureux et André Chéret
b53b2a2b079efd20228a4fdb3437dddb
Illustration par Alessandro Barbucci
71bfbbca2c28429a3d9b54991fc6a05e
Concept art pour Dofus, Ankama
e696cd515a6ea642a7557ee43dac2096
M. Dugenou, M. Mégot et Mademoiselle Chiffre, Le Petit Spirou, Tome et Janry
deadpool comics
Wade Wilson aka Deadpool, Fabian Nicieza et Rob Liefeld

Les écueils à éviter

« Mauvais » tutos et limites des outils

Très semblables à ceux cités dans le précédent article sur les mains, attention aux « mauvais » tutos de type « étape par étape » sans la moindre explication. Ils ne sont pas foncièrement mauvais mais manquent souvent cruellement de pédagogie, et ne vous font recopier qu’une série de traits sans vous expliquer la logique derrière.

Il existe cette fois encore des outils, et notamment, des mannequins, dont il faut savoir ne pas abuser, ou dont il faut au moins connaître les limites. Je pense notamment aux mannequins en bois, dons les articulations simplifiées sont trop raides, ou à l’inverse, leurs pendants numériques de CLIP STUDIO PAINT, parfois trop souples.

Les mannequins Body-kun et Body-chan sont de très bons mannequins. Ils sont plus réalistes que les simples mannequins de bois en terme de volumes et d’articulations, et possèdent également des sets entiers de mains, de pieds, et d’accessoires pour des poses plus vivantes. Cependant il est important de garder en tête que leurs corps et leurs proportions sont déjà stylisés pour correspondre au style manga.

1 1265211081NLTC
Un peu trop raide
41EdcG5YQL. SL500
Pas mal du tout, mais déjà stylisé
Illustration
Un peu trop souple

Se cacher derrière l’excuse du “C’est mon style”

Ce paragraphe pourra vous paraître répétitif mais je pense qu’il est très facile de passer à côté de l’information qu’il véhicule vraiment, volontairement ou non.

La critique, même construite et productive, doit savoir être reçue. Et ce n’est pas toujours simple, car elle touche un point sensible: l’égo. Il faut savoir mettre ce dernier de côté afin de progresser. La question n’étant pas de prendre en compte absolument tous les avis ou aucun, ça, c’est votre choix personnel.

Prenons un exemple:
– « Ho, ton personnage est vraiment pas mal, tu as essayé une nouvelle pose, mais fais attention, le corps est un peu disproportionné, et les pieds sont trop petits ».
C’est une critique qui souligne à la fois le positif et le négatif, constructive, afin d’encourager à corriger ou mieux faire au prochain dessin.
– « Non, mais c’est normal, c’est mon style…”
La phrase maudite, souvent automatique, qui exprime mauvaise foi et déception. Ce n’est pas dramatique, ce n’est pas grave, mais c’est souvent une excuse.

Il est vrai que certains artistes, notamment ceux ayant un trait particulièrement stylisé, peuvent utiliser cette phrase de façon justifiée. Cependant, ces derniers, avant d’être arrivés à leur style actuel, sont généralement passés par les bases.

Pour vous illustrer cela, je vous propose deux exemples: Akira Toriyama, l’auteur du très célèbre DRAGON BALL, et les artistes des studios Disney :

  • Très clairement, quand on voit les montagnes de muscles bodybuildées, les yeux rectangulaires ou les cheveux qui défient toute texture, volume ou gravité logique de Super Saiyan, on ne peut que dire « c’est le style de l’auteur ».
  • De même pour Disney, les proportions des personnages notamment féminins comme Alice, Ariel, Pocahontas, Jane, ou plus récemment, Elsa et Anna, par exemple : leurs corps sont beaucoup trop fins, notamment au niveau de la taille. Et là encore, c’est un parti pris graphique, « c’est le style » du studio, sur tel ou tel film. Les exemples sont légion, tant dans les proportions que dans le trait, comme celui très « géométrique » de La Belle au Bois Dormant, Hercule, ou encore Atlantide, l’Empire Perdu.
cc30c8a0804783158d6b5a180c48f127
img1954
kathryn beaumont interview disneyexaminer peter pan 65th anniversary animators live action inspiration 3
img5F13
5cd5f5882100002f00735671

Dans ces deux exemples (et pour beaucoup d’autres, qu’il s’agisse d’illustration, de BD, de manga, d’animation…), ce n’est absolument pas utilisé comme une excuse, bien au contraire. Akira Toriyama n’a pas pu déformer la musculature à cet extrême sans l’observer et la maîtriser avant, tout comme les artistes de Disney ont longtemps fait du dessin d’observation d’après de vrais acteurs et actrices (le live footage) lors des phases préparatoires.

Ces artistes sont arrivés au stade ultime (mais pas définitif car il évolue constamment avec la pratique) de l’appropriation.

L’observation est le point de départ de beaucoup d’œuvres (d’animation).

Brian Kesinger, artiste chez Disney

Souvenez-vous de l’ordre du cycle d’apprentissage : observation, imitation qui permet la compréhension, maîtrise, et enfin, appropriation. Globalement, vous ne pourrez légitiment utiliser la phrase « c’est mon style » que lorsque vous aurez observé, compris et maîtrisé les bases.

Vous pouvez bien sûr avoir un trait très stylisé d’entrée de jeu, par exemple en dessinant uniquement des chibis, ou en copiant le style de votre auteur favori, et ainsi échapper à la logique de l’anatomie, mais sans bases, vous serez vite “coincés” dans ce trait stylisé.
Demandez à un artiste qui ne fait que des chibis ou dans le style Dragon Ball de dessiner une main, ou un corps « normal », ce sera tout de suite plus compliqué.

Note : Il n’y a rien de mal à ne vouloir dessiner que des chibis, ou tout autre type de dessin déjà stylisé uniquement. C’est vous qui dessinez, c’est vous qui décidez.

Enfin, gardez en tête que même si ce n’est pas forcément intéressant à vos yeux ou drôle, rien ne remplace les connaissances de base et leur pratique.

Mes astuces pour de beaux corps

Cette fois encore, “Enfiiiin la partie qui m’intéresse ! Fini le blabla !“, n’est-ce pas ? Et bien sachez que tout comme pour les mains, la plupart des astuces élémentaires ont déjà été données théoriquement. En effet, la plupart du travail vient de l’observation et de la reproduction, du travail de documentation, mais il existe énormément de petites astuces pour faire de jolis corps corrects anatomiquement parlant, disons, dans mon cas, dans un style hérité du manga et du semi-réalisme.

La pratique régulière restera toujours la clé de votre progrès. Tracez, reproduisez (pour vous entraîner uniquement, et en toute transparence), utilisez des références sans limites, puis faites vos propres corps peu à peu. En fonction de votre niveau actuel, ils seront plus ou moins réussis, mais ne vous découragez pas. On a tous commencé par des bonhommes bâtons en maternelle !

Entraînez-vous régulièrement, notamment avec du croquis sur le vif, ou du dessin limité dans le temps. Vous pouvez utiliser des sites comme Line of Action, qui vous permettra même de choisir ce que vous voulez dessiner parmi différentes catégories : nu et/ou habillé, individus masculins et/ou féminins, de tout âge…

ss2021 10 27at05.52.13

Des proportions régulières

Pour reprendre les mots de Karine, on estime que les proportions réalistes d’un être humain ou d’un personnage doivent correspondre à un ratio de 7,5 fois la hauteur de sa tête.

Dans les mangas, ces proportions tendent à être plus ou moins allongées, et elles peuvent être raccourcies si vous souhaitez représenter des personnages de type chibi, ou des enfants, dont les proportions évoluent avec l’âge.

Comptez ainsi un ratio de 3 à 4 têtes pour un bébé ou très jeune enfant, 5 à 6 têtes pour un enfant de 10 ans environ, et 7 têtes pour un jeune adolescent, avant la croissance.

6288C95B 5D62 440E BE68 692E0A23D838 300x751 1
Crédit © Karine

Évidemment ces proportions ne sont pas une vérité absolue à respecter au millimètre près, mais dans vos dessins, vous devez faire attention à ce qu’elles soient un minimum régulières. Vous pourrez difficilement représenter deux humains standards d’âge similaire si la différence de proportions est trop flagrante, par exemple l’un avec un ratio de 7,5 et l’autre avec un ratio de 10 ou 11.

Cependant, cette différence peut tout à fait exister si l’univers présente par exemple des personnages fantastiques, et que leurs corps doivent respecter certains standards selon leur nature. Je pense notamment aux Nains et aux Elfes de la saga du Seigneur des Anneaux, ou encore aux proportions gigantesques et filiformes des Na’vi en comparaison aux humains, dans le film Avatar.

original
Le Seigneur des Anneaux, Peter Jackson, 2001-2003
9a97cb71702013b20a6009459c0b5a77
Avatar, James Cameron, 2009

Des morphologies variées

Si les proportions sont globalement les mêmes d’un individu à l’autre selon sa taille et son âge, la morphologie, elle, peut varier du tout au tout.

Donnez de la variété à vos personnages dès le départ grâce à leurs corps.

Une corpulence plus ou moins fine ou au contraire en rondeurs, une musculature plus ou moins développée, une stature plus ou moins courbée…

Peu importe le sexe et/ou le genre de votre de personnage, son simple corps peut apporter autant d’originalité, et être un signe tout aussi distinctif que des cicatrices, des grains de beauté, des tenues ou des accessoires !

wikifit sante conseil quelle est votre morphologie

De la même façon, posez-vous quelques questions simples : l’âge, le train de vie, la profession de vos personnages… Ces particularités peuvent définir, ou du moins, avoir une incidence sur leur morphologie :

  • Sont-ils des hommes, des femmes, des humanoïdes fantastiques ?
  • Jeunes, d’âge moyen, ou vieux ?
  • Quelle est leur morphologie générale ? Une personne très mince aura difficilement des formes développées naturellement, et au contraire, une personne ronde aura difficilement une taille de guêpe et des articulations fines (bien que ce ne soit pas impossible, dans les deux cas)
  • Ont-ils un métier ou une occupation qui implique le développement de leur musculature ? Un personnage ayant un travail physique quotidien et un autre vivant dans son canapé et n’aimant pas bouger n’auront probablement pas le même type de corps, que ce soit en terme de corpulence et/ou de musculature
  • Ont-ils manqué de ressources ou au contraire vécu dans de bonnes conditions ?

Petites astuces générales et exemples

Lors de la préparation de cet article, j’ai fait une liste de toutes les astuces qui me semblaient pertinentes. Et je me suis rapidement retrouvée avec un très grand nombre d’idées, bien plus que le petit Top 20 que je vous proposais pour les mains. Car l’air de rien, un corps, c’est grand. C’est un sujet vaste et il y a énormément de choses à dire dessus.

Cette fois, je vous propose non pas UN, mais DEUX tops d’astuces pour vous aider à dessiner les corps. Car si certaines astuces s’appliquent de façon générale sans distinctions de sexe, d’autres sont plus spécifiques. Il m’a donc semblé plus simple de diviser en deux parties que de faire un unique top ridiculement long et indigeste.

Commencez par des poses et des morphologies simples : face, dos, profils, debout, assis, en train de marcher ou allongé, des interactions légères, avec corpulence et musculature moyennes… Vous ferez augmenter la difficulté peu à peu, avec des angles plus complexes qui demanderont notamment des raccourcis anatomiques, des poses dynamiques impliquant de vifs mouvements, des morphologies plus variées également, etc…

Note : Par souci de simplicité et de compréhension, les astuces seront volontairement montrées sur des individus à la corpulence et à la musculature moyenne. Ce sont bien sûr des astuces générales, qui peuvent et doivent varier.

  1. Simplifiez les formes et pensez directement en volumes
  2. De profil, imaginez une forme de casque de moto pour le volume de la tête
  3. Pensez au volume du cou comme à un cylindre
  4. N’oubliez pas les trapèzes (zone violette) et les clavicules (en rouge)
  5. Les muscles saillants sur le cou relient l’arrière de l’oreille et se rejoignent pratiquement au creux des clavicules (zone jaune)
  6. Le bout extérieur des clavicules marque le début de l’arrondi de l’épaule (point rose)
  7. L’articulation de l’épaule permet plus ou moins une rotation du bras à 360°
  8. Au repos, les bras se replient légèrement
  9. Quand le bras est levé, la ligne de la poitrine et du bras sont dans la même continuité (en rouge), le trapèze devient moins visible (zone violette)
  10. Le muscle de l’épaule (bleu) passe sur le muscle pectoral (rose), qui passe sur le muscle du bras (orange), qui passe sur ceux des côtes (vert)
  11. La distance épaule-coude et coude-base des doigts est équivalente
  12. N’oubliez pas le volume des muscles si le bras est fléchi
  13. Le creux du coude est environ à la hauteur du creux de la taille/nombril
  14. N’oubliez pas l’os à la pointe du coude !
  15. La largeur de la paume de la main est la même que celle du genou, et du pied (en rouge)
  16. La longueur du pied, de l’avant-bras et la hauteur de la tête sont équivalentes (en bleu)
  17. Dynamisez votre pose en opposant lignes plus ou moins courbées pour le tronc
  18. Pour simplifier le bloc du bassin, pensez à la forme d’un sous-vêtement de type boxer/shorty
  19. De dos, les muscles sont globalement triangulaires. Marquez le bas des omoplates (en rouge)
  20. N’oubliez pas les fesses, même de face ou de 3/4, selon la tenue portée (zone rose)
  21. Pensez aux des parties intimes: laissez-leur un peu de place à l’entre-jambe
  22. De profil, les lignes de la jambe opposent aussi traits « droits » et courbes.
  23. Le mollet est légèrement en retrait par rapport à la cuisse
  24. N’oubliez pas de marquer les plis à l’arrière des genoux (en rouge)
  25. De face, la largeur du mollet est différente entre intérieur et extérieur, et la hauteur des os de la cheville également
AED7C94E FDF2 4ED7 BD9A 46B27CC5C231
Commençons par un petit top 25…

Petites astuces selon le sexe et exemples

Parce que certaines astuces sont différentes selon le sexe de l’individu, voici la seconde partie du top.

Petit conseil de base : si les traits parfaitement rectilignes sont à proscrire, le corps masculin reste globalement plus carré et saillant que le corps féminin, plus en courbes.

  1. La largeur du cou masculin équivaut environ à la largeur de la mâchoire inférieure
  2. La largeur de la tête est le repère pour la largeur d’épaules : 3 têtes pour un individu masculin, 2 à 2,5 pour un individu féminin
  3. Utilisez une ligne courbe depuis la jointure des clavicules pour placer le mamelon sur le muscle pectoral, ainsi que la zone de muscles « croisés » sur le haut des côtes
  4. N’oubliez pas que le pectoral masculin est lui aussi en volume, notamment de profil (zone violette)
  5. Le mamelon masculin est au même niveau que le bas de ses omoplates
  6. Utilisez l’astuce de la goutte à partir de la moitié de la clavicule pour placer les seins
  7. À moins d’être contraints par des vêtements ou par la pose les seins ne se touchent généralement pas (point rose)
  8. Les hanches masculines font environ 1 tête à l’horizontale, les hanches féminines, au moins 1,5
  9. La largeur standard des abdominaux masculins est la même que celle de la tête
  10. La taille féminine est plus creusée
  11. La représentation de l’os de la hanche est différente et donne naissance à la « V line » sur le corps masculin (en rouge)
  12. Les hanches féminines paraissent plus basses sur la silhouette
  13. Les fesses féminines sont plus arrondies, celles masculines plus « carrées »
  14. De profil, un individu féminin est plus cambré, faisant d’avantage ressortir ses fesses
  15. Globalement, un individu masculin aura des épaules plus larges que ses hanches, tandis qu’un individu féminin aura des hanches autant sinon plus larges que ses épaules
80A6DD12 6C51 46E0 AF78 66350CDE5E17 1
Et finissons par un petit top 15

Bien évidemment, vous pouvez et même devez reprendre et adapter ces astuces à votre style, à chacun de vos personnages selon leurs caractéristiques. Ce sont de simples éléments de repère, des guides et des lignes directrices que j’ai moi-même tirés de mes propres observations, dessins, conseils reçus et glanés au fil des années.

Même s’ils sont corrects anatomiquement parlant, ils ne sont en aucun cas une vérité absolue que vous devez absolument appliquer. Dessinez, travaillez, expérimentez, mais surtout amusez-vous en le faisant, ça ne doit pas être une contrainte.

Conclusion

Le corps est un fabuleux outil d’expression, lui aussi, c’est pourquoi il ne faut pas le négliger lors de votre apprentissage.

La simple position des bras, des jambes, la façon dont est tournée la tête ou la cage thoracique, peuvent suffire à dynamiser l’ensemble d’une pose, d’une composition, et aller jusqu’à renseigner sur le caractère de vos protagonistes, via le langage corporel.

Mais avant toute chose, gardez-bien en tête qu’il vous est possible de dessiner un corps correct « par hasard », mais que vous ne pourrez pas vraiment le maîtriser tant que vous n’aurez pas compris comment il fonctionne, pour le reproduire puis le styliser à votre convenance.

De la même façon, une fois que vous le maîtriserez, vous pourrez trouver vos propres astuces, en fonction de votre façon de dessiner, que vous incorporerez peu à peu aux bases que vous aurez apprises par l’observation et la reproduction.

1bb5d33393dc8d597370137f36eb8dea 1
Dynamique ou dramatique, faites prendre la pose à vos personnages !

N’hésitez pas à partager vos impressions, nous donner vos astuces ou à compléter nos propos dans la section commentaires, ou si vous avez simplement des questions !
En attendant la suite de notre dossier anatomie, je vous invite à aller faire un tour sur nos différents dossiers, conseils et autres tutoriels.

Je vous invite aussi à nous rejoindre sur notre communauté Discord pour partager vos créations et votre progression !

Que pensez-vous de cet article ?
Laissez-nous votre avis

5 1 vote
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
1 Commentaire
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Pedrito
Pedrito
16 jours il y a

Très bien pour les fan de manga et de dessin. Et même pour en savoir plus sur les manga