Parmi nos compagnons à quatre pattes, il en est un que l’on surnomme « la plus belle conquête de l’Homme », et à raison. Après les canidés et les félidés, cet article va vous parler de ces belles créatures que sont les équidés et plus particulièrement, des chevaux, pour vous aider à les comprendre et à mieux vous les approprier.
Que sont les équidés ?
Quand on dit “équidé”, à quoi pense-t-on ? Au cheval, évidemment, mais aussi à l’âne, au zèbre… Le mulet et le poney font aussi partie de la famille, et pourtant, on se rend rapidement compte que le tour est plutôt vite fait, comparé aux canidés ou aux félidés vus précédemment. La famille est-elle vraiment si réduite ?
Selon le dictionnaire Larousse: « (du latin Equus, cheval). Mammifère tel que le cheval, les ânes et les zèbres, n’ayant à chaque membre qu’un seul doigt développé, terminé par un large sabot ».
La définition est correcte, mais également assez vague pour parvenir à se représenter l’un d’eux. On y apprend qu’il s’agit d’un mammifère à sabots, mais guère plus. Voyons ce que nous pourrions dire de plus.
Petit rappel théorique
Cette fois encore, reprenons notre classement du Vivant, déjà évoqué dans nos précédents articles sur les canidés, et sur les félidés:
Classe > Ordre > Famille > Genre > Espèce
Note: il existe également des sous-ordres, familles, espèces… Mais j’ai choisi de simplifier pour aller à l’essentiel.
Les Équidés (Equidae) forment une famille de mammifères herbivores comptant plusieurs dizaines de genres fossiles, et sept espèces sauvages actuelles appartenant à un seul genre, Equus.
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Si l’on remplace les mots du classement évoqué ci-dessus avec un exemple concret, voici ce que ça donne, par exemple pour nos chevaux domestiques :
- Classe des mammifères
- Ordre des périssodactyles (nous y reviendront plus bas)
- Famille des équidés
- Genre Equus
- Espèce Equus ferus caballus
Il n’existe aujourd’hui qu’un seul genre de cette famille encore en vie, le genre Equus, ce qui explique que le tour de la famille des équidés soit rapidement fait. Les trois espèces représentatives de cette dernière sont les chevaux, les ânes et les zèbres.
Là où il existe des sous-espèces sauvages et domestiques pour le cheval et l’âne, celles du zèbre sont purement sauvages.
Attention, ce classement n’est pas à confondre avec les races de chevaux notamment, qui sont une classification par caractéristiques physiques acquises récemment, par reproduction choisie de la main de l’homme, indépendamment d’une base génétique commune.
Les principales caractéristiques des équidés sont les suivantes :
- Une grosse tête dont le museau est allongé
- Des yeux situés sur le haut et de chaque côté du crâne
- Un cou long
- Un corps cylindrique, plus ou moins élancé
- Une crinière et une queue dont les poils sont appelés crins, plus ou moins longs
- Des membres longs et fins se terminant par un seul doigt
- Un sabot au bout de chacun
La question des équidés hybrides
Si vous avez bien suivi vos cours de SVT au collège, vous saurez que théoriquement, des individus d’une même espèce peuvent se reproduire entre eux, même si leur sous-espèce est différente. Les chiens et les loups, les lions et les tigres… Mais c’est le cas des chevaux, des ânes et des zèbres, qui donnent ainsi les hybrides (généralement stériles) suivants :
- le mulet, issu d’un âne et d’une jument
- le bardot, issu d’un cheval et d’une ânesse
- le zébrule, issu d’un zèbre et d’une jument
- le zébrâne, issu d’un zèbre et d’une ânesse
Depuis quand sont-ils à nos côtés ?
Les équidés modernes sont relativement récents dans notre chronologie. Cependant, leurs plus lointains ancêtres sont bien plus anciens que nous.
En effet, nous avons retrouvé des formes primitives d’équidés remontant jusqu’à 60 millions d’années, soit bien avant l’homme moderne. Il était également bien plus petit, de la taille d’un gros lièvre, et marchait sur 4 doigts. L’évolution ne s’arrêtant pas, le petit Eohippus s’est peu à peu transformé, donnant naissance à de nombreuses espèces, qui se sont cependant majoritairement éteintes entre 15 000 et 12 000 ans avant JC.
Peu à peu, les espèces équines qui ont réussi à traverser le temps ont grandi et grossi, ont gagné en endurance, en même temps que leur nombre de leurs doigts a, lui, diminué. De quatre, à trois, puis un seul accompagné de deux petits doigts inutiles sur les côtés, pour terminer par se transformer en doigt unique. C’est à partir de là que l’on parle d’équidé moderne.
Les plus anciennes traces de domestications, elles, ne remontent qu’à environ 5500 ans, et correspondent à la fin de la période Néolithique. Les chevaux étaient autant montés qu’utilisés comme animaux de travail, mais aussi pour faire la guerre, et on en buvait même le lait.
En facilitant le déplacement des hommes et donc du commerce, de l’art, des matériaux et autres ressources, mais également des idées, de nombreux aspects de la vie des humains ont été profondément modifiés, avec toutes les conséquences que cela implique sur le développement des civilisations.
D’où son surnom de plus belle conquête de l’Homme.
Certaines basent encore aujourd’hui leur vie en grande partie sur ces animaux, comme les peuples des steppes mongoles.
L’anatomie d’un équidé standard
Rentrons désormais dans le vif du sujet : comment dessiner les équidés ? Pour vous y aider, je vous propose tout un panel de conseils afin de vous documenter, d’observer, de comprendre pour d’abord imiter, et enfin vous approprier nos amis équins.
Étudier l’intérieur pour comprendre l’extérieur
Une fois n’est pas coutume (mais un peu quand même), pas de recette miracle : il vous faudra comprendre comment fonctionnent les équidés depuis leur structure, à savoir leur squelette, jusqu’au bout des crins et des sabots, en passant par la musculature, généralement très visible chez les équins de par leur poil court, voire ras sur la majorité du corps.
Gardons le même fonctionnement qu’habituellement, et commençons par étudier quelques visuels spécialisés.
Le squelette des équidés est composé de 205 os, dont 18 paires de côtes et 36 à 44 dents dents, mais il ne possède pas de clavicule. C’est un trait commun aux ongulés, qui ne se déplacent pas de côté, mais presque uniquement vers l’avant ou l’arrière.
Le saviez-vous ? À quelques exceptions près comme le Camargue ou le Mérens, un cheval non ferré de moins d’1m48 au garrot (à l’épaule) est considéré comme un poney. Ces derniers sont ensuite répartis en catégories selon des fourchettes de taille.
Comparaison avec un squelette humain
Pourquoi comparer, de nouveau ? Il est vrai que nous avons certains os en commun : un crâne, des vertèbres, des côtes, un bassin… Cependant, leur mode de déplacement est très différent du notre, et des canidés ou félidés déjà abordés dans de précédents articles.
Nous, humains bipèdes, sommes plantigrades : nous marchons sur la plante de nos pieds. Les équidés quant à eux sont des quadrupèdes, ongulés dit périssodactyles, et marchent sur l’ongle de leur doigt unique.
Les équidés appartiennent à l’ordre des périssodactyles. Cela signifie que ce sont des ongulés ayant un nombre impair de doigts. Ils marchent sur l’ongle de leur doigt unique: le sabot, constitué de kératine, au même titre que nos ongles humains.
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Vous imaginez ? Si nous devions marcher sur nos ongles ? J’ai mal rien que de me représenter l’idée mentalement ! Bien évidemment, ce mode de locomotion affecte l’ensemble de leur anatomie, et dans notre cas, la façon de la représenter.
Si vous avez du mal à visualiser quels os équins correspondent aux nôtres, notamment au niveau des membres, voici de nouveau une comparaison entre un squelette humain et un squelette de cheval.
Bien observer pour comprendre et mieux dessiner
L’importance des références
Tout bon artiste ou professeur vous le dira, et vous le répètera jusqu’à ce que cela devienne un réflexe naturel : utilisez des références dès que vous avez l’occasion et/ou le besoin. Au moindre doute, à la moindre hésitation, sortez vos meilleurs modèles. Photographies, images, modèle vivant (selon vos possibilités et/ou votre budget), tout est bon !
En plus de vous aider dans votre dessin sur l’instant T, utiliser des références vous permettra sur le long terme de faire travailler et d’affiner toujours plus votre sens de l’observation, de gagner du temps, de comprendre les formes, les volumes et les lumières dessus… C’est 100% gagnant, alors qu’attendez-vous ? 😉
Pour les équidés, peut-être avez-vous des chevaux ou des ânes dans des prés proche de chez vous ? Voire un haras, ou un centre équestre : rien ne vous empêche d’aller demander la permission d’assister à un entraînement avec votre carnet en main, ou de prendre des photos de référence. Plus rares, les parcs/réserves animaliers proposeront peut-être des zèbres.
Mais si vous ne pouvez pas avoir de modèles en chair et en os, Google ou Pinterest seront vos meilleurs amis. Il vous suffira de banques d’images ou de quelques mots-clés, et vous serez servis, avec l’accès simple à Internet de nos jours.
Les chevaux dessinés par d’autres
Il est toujours intéressant de voir comment les artistes qui vous inspirent représentent les équidés (ou tout autre sujet). Cela fait partie du travail de collecte de référence, même s’il ne s’agit pas de « vraies » références photos.
Cela vous permet de voir comment ils appréhendent les volumes, leur petite touche personnelle pour s’approprier les formes réalistes, en quoi elle diffère de simple cheval réaliste, simplement imité. De plus vous pouvez vous en inspirer à votre tout pour adapter les chevaux à votre propre style de dessin.
Des plus réalistes…
… Aux plus stylisés
Je vous propose ci-dessous un panel d’artistes qui ont pu m’inspirer et/ou m’inspirent encore, pour vous montrer à quel point les équins peuvent être dessinés de façons variées.
Ci-dessus, pour rester dans le style manga et anime, notez les différences de proportions, les volumes plus ou moins déformés, et le réalisme qui s’en trouve affecté, tout en restant corrects.
Ci-dessous, vous pouvez noter les mêmes points, dans un styles plus occidental cette fois, autant dans l’animation que dans la bande dessinée.
Les écueils à éviter
Ils restent les mêmes que pour l’anatomie humaine, à savoir les raccourcis faciles, les limites des outils tels que les mannequins, et l’excuse du « C’est mon style ». Ces difficultés ont déjà été traitées en détails précédemment, aussi je vous invite à reprendre les précédents articles du Dossier Anatomie, afin d’avoir plus de précisions et d’éviter de vous casser les dents sur ces trois grands écueils.
Instant anecdote, tout n’est pas à jeter dans ces trois difficultés, notamment les tutos de type étape par étape.
En effet, j’ai ironiquement appris à dessiner les chevaux avant de commencer à dessiner les personnages, avec… Un de ces livres de raccourcis faciles. MAIS j’ai su m’en détacher, ou plutôt, le complémenter de références et d’observations, pour mieux comprendre et parfaire mon apprentissage.
De la même façon qu’il existe des mannequin de bois articulés pour les humains ou les mains, il en existe cette fois de façon sûre pour les chevaux.
Ceci dit, leur limite reste la même : une approximation anatomique dont il faut avoir conscience pour en éviter le « piège ».
C’est pour cela qu’il est primordial de garder en tête le cycle de notre apprentissage : observation, imitation qui permet la compréhension, menant à la maîtrise et enfin, à l’appropriation. Globalement, vous ne pourrez utiliser la phrase « c’est mon style » que lorsque vous aurez observé, compris et maîtrisé les bases, même si ce n’est pas forcément le plus amusant au départ. Courage, ne lâchez rien !
Mes astuces pour de beaux équidés
La pratique régulière
Sans surprise et comme toujours, pas de formule magique ou de recette miracle : le travail est la clé de la réussite et du progrès. Tracez, reproduisez (pour vous entraîner uniquement, et en toute transparence), utilisez des références, puis dessinez par vous-mêmes peu à peu. Le résultat sera plus ou moins satisfaisant au départ, mais ne vous découragez pas. Nous avons tous commencé par des animaux aux visages semi-humains, avec des pattes-bâtons qui donneraient presque des cauchemars.
Entraînez-vous régulièrement, notamment avec du croquis sur le vif, ou du dessin limité dans le temps.
Vous pouvez utiliser des sites comme Line of Action, qui est mon favori par la diversité de catégories qu’il propose : anatomie humaine, parties de corps comme mains ou pieds, expressions faciales, décors…
Mais surtout, animaux ! Il vous permettra même de choisir tout particulièrement les équidés si vous cochez les bonnes options, et notamment leurs squelettes : idéal pour étudier et comprendre la structure des équins.
De la variété, mais avec un minimum de logique
Outre les très nombreuses races de chevaux, il existe autant de morphologies chez nos amis à sabots qu’il existe de morphologies humaines. Des petits, des grands, des musclés, des fins, des maigres, des ronds, des jeunes, des vieux… Ils viennent avec toute une panoplies de couleurs de pelages (aussi appelées robes).
Si vous représentez une espèce ou une race particulière, pensez à vous renseigner sur les particularités physiques que celle-ci pourrait présenter.
Pensez au longues oreilles des ânes ou de leurs hybrides, des robes typiques de telle ou telle race, ou de marques telles que les raies de mulet par exemple, comme ci-contre.
Mais ce que vous devez comprendre ici par « logique« , c’est surtout le langage corporel équin. En effet, comme un humain va avoir le réflexe de s’agacer, de se protéger pour prévenir une chute ou un coup, avoir peur, rire, sourire… Les équidés ont également une façon bien à eux de s’exprimer corporellement et/ou auditivement, qui traduit ce qu’ils ressentent, et dont vous devez tenir compte selon la situation dans laquelle vous les représentez :
- Ils sont tranquilles ? Représentez-les en train de brouter ou d’observer calmement autour d’eux, oreilles détendues écoutant autour d’eux, et un jambe arrière au repos
- Une soudaine peur ? Montrez un recul de leur tête, le blanc de l’œil visible, dilatez leur naseaux et placez leur oreilles vers l’arrière
- D’humeur guillerette ? Représentez-les en train de galoper, de bondir, ou de se rouler au sol
- Agressif ? Une belle posture de ruade façon rodéo fera l’affaire et les oreilles plaquées vers l’arrière feront passer le message…
Évidemment, ni vous ni moi ne sommes éducateurs, comportementalistes, ou tout autre spécialiste comme des vétérinaires par exemple (ou du moins, très peu d’entre nous), mais il existe de nombreux signes, plus ou moins discrets, qui traduisent les émotions de nos équidés. Pensez à les prendre en compte, et à en jouer : vos dessins n’en seront que plus expressifs, et donc, vivants.
Gardez surtout en tête que vos équins doivent être cohérents sur deux points principaux :
- Leur comportement en fonction de la situation dans laquelle vous les dessinez
- L’univers duquel ils sont issus, et leur mode de vie dans ce dernier
Petites astuces générales et exemples
Quoi de mieux qu’un petit top 20 d’astuces et de conseils pour vous aider à dessiner les équidés ? Et je commence par une astuce générale : le cheval est un élégant mélange de courbes, contre-courbes et de traits plus rectilignes. Gardez la main souple, notamment sur le haut du corps, mais ferme en particulier sur les membres, fins mais puissants et résistants pour soutenir le poids du corps et des muscles !
Choisissez une race qui vous plaît, et commencez par des postures et des morphologies simples. Debout, au pas, broutant, sous des angles simples comme profil ou trois quart. Vous ferez augmenter la difficulté peu à peu avec poses et des angles de vue plus complexes et dynamiques comme une ruade, un saut, ou un galop à bride abattue.
Note : Par souci de généralité, je vais me conformer à la morphologie basique des équidés évoquée au début de cet article. Il existe une trop grande variété de races de chevaux notamment, et mes astuces se veulent générales. Si vous souhaitez représenter particulièrement tel cheval de trait ou tel mini poney, vous me voyez venir : à vos références !
- Simplifiez les formes et pensez directement en volumes
- Ajouter une ligne sourcilière et des paupières donnera une expression plus humaine
- On voit peu souvent la scléra, mais plus elle se voit, plus le regard est expressif
- Les naseaux ont une forme de goutte
- Vous pouvez facilement donner du volume à la tête avec quelques traits (en rouge)
- Pensez à laisser un espace entre les incisive et l’arrière de la bouche.
- N’oubliez pas de suggérer les lèvres et le « menton » de votre équidé
- Les oreilles peuvent être construites sur une base de cylindre taillé en biseau
- Vous pouvez facilement placer les oreilles à l’aide d’un arc de cercle
- L’encolure, le dos et la croupe s’enchaînent dans une suite de courbes fluides
- Le corps et les jambes d’un équidé rentrent globalement dans un carré
- Reliez l’encolure au poitrail pour en suggérer la musculature
- Marquez les muscles des épaules en triangle arrondi et suggérez ceux du poitrail
- Pensez le corps du cheval comme un tonneau : arrondi.
- Marquez les articulations des membres
- Attention, le genou ne se voit presque pas si le membre postérieur n’est pas fléchi
- Le sabot a une base arrondie, et est plus haut à l’avant qu’à l’arrière
- N’oubliez pas que la base de la queue contient des os : elle donc mobile
- Posez les sabots sur un rectangle pour bien placer les membres dans l’espace
- Donnez une forme triangulaire à la crinière pour un rendu naturel, si les crins ne sont pas en brosse (selon l’espèce)
Conclusion
Pour conclure cet article, rappelez-vous bien qu’il est tout à fait possible de dessiner un bel équidé parfaitement correct « par hasard », mais que vous ne pourrez pas vraiment les maîtriser tant que vous n’aurez pas compris comment ils fonctionnent, pour les reproduire puis les styliser à votre convenance.
De la même façon, une fois que vous les maîtriserez, vous pourrez trouver vos propres astuces selon votre façon de dessiner, que vous incorporerez peu à peu aux bases que vous aurez apprises par l’observation et la reproduction.
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En attendant de prochains articles, je vous invite à aller faire un tour sur nos différents dossiers, conseils et autres tutoriels.
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