Les conseils sur la perspective et le dessin de décor continuent ! Après le dessin en perspective à 1 et 2 points de fuite, voyons comment dessiner en perspective à 3 points de fuite. À vous les dessins en plongée et contre-plongée !
Si vous n’avez pas vu les articles précédents, je vous conseille de commencer par là pour réviser les bases et mieux comprendre le vocabulaire utilisé ici :
À quoi correspond une perspective à 3 points de fuite ?
Une perspective à 3 points de fuite, c’est une perspective linéaire où aucune ligne n’est parallèle au plan de l’image. En comparaison, la perspective à 1 point de fuite a un plan parallèle à celui de l’image, et une perspective à 2 points de fuite à des droites parallèles au plan de l’image. Si ça vous parait abstrait, les photos juste en dessous devraient vous aider à comprendre.
- Image 1 : on voit la boite de face. Ce plan est parallèle à celui de l’image, c’est une perspective à 1 point de fuite.
- Image 2 : on voit 2 faces de la boite. Les plans ne sont pas parallèles à celui de l’image, mais les côtés de la boite suivent une ligne parallèle à celui-ci : c’est une perspective à 2 points de fuite.
- Image 3 : on voit 3 faces de la boite. Aucune arête n’est parallèle au plan de l’image, et sur un plan, on aurait uniquement l’angle de la boite : c’est une perspective à 3 points de fuite.
Attention : Il ne suffit pas d’apercevoir les 3 faces de la boite pour dire qu’il s’agit de perspective à 3 points de fuite, il faut aussi que toutes les arêtes partent vers des points de fuite différents, en trois dimensions.
Vous vous souvenez peut-être que lors de mon précédent article, j’avais placé 3 points de fuite sur la ligne d’horizon de mon image en perspective à 2 points de fuite : 2 points de fuite principaux et un troisième qui correspondait aux lignes en diagonale à 45° des autres. Cela n’est pas une perspective à 3 points de fuite pour autant. Pour dessiner en perspective, on place autant de points de fuite que nécessaire pour tracer nos lignes de fuites correctement, sachant qu’à chaque nouvelle orientation d’une ligne et de ses parallèles, il faudra créer un point de fuite.
Une ligne parallèle à aucune autre ligne existante sur le dessin = un nouveau point de fuite.
Mais peu importe combien vous en tracez, ils restent des points de fuite secondaires, qui vous servent à construire des grilles ou des objets décalés par rapport aux éléments de l’image. Pour faire un dessin en perspective à 3 points de fuite, il faut que l’ensemble s’inscrive dans une grille en 3 dimensions (longueur, largeur, hauteur) dont aucune ligne n’est parallèle à l’image.
Comment se différencie un dessin en perspective à 3 points de fuite ?
- Toutes les lignes, même verticales, vont converger vers un point de fuite : il n’y a plus de lignes parallèles.
- Toutes les distances seront déformées, quelle que soit la direction (même en hauteur)
- Construire une grille en trois dimensions devient encore plus compliqué : reporter les distances est plus ardu ou hasardeux
Même si le principe est globalement le même que pour la perspective à 1 ou 2 points de fuite, le fait de ne plus avoir de « points d’ancrage » avec des plans ou des droites parallèles à l’image rend le dessin en perspective à 3 points de fuite plus compliqué et hasardeux. C’est donc une technique à travailler quand vous avez déjà assimilé les bases de la perspective, et il vaut mieux le réserver à des images fortes, que ça soit en illustration ou en BD. Si elle n’apporte pas un plus à votre dessin, vous risquez de regretter de vous être embarqués là-dedans !
Ce qu’une perspective à 3 points de fuite n’est pas
Une plongée ou contre-plongée
On a tendance à associer les deux, mais un dessin en plongée ou en contre-plongée ne sera pas automatiquement en perspective à 3 points de fuite ! Si votre caméra est braquée vers le sol, mais que celui-ci est parallèle au plan de l’image, vous pouvez très bien obtenir un bel effet de plongée avec une perspective à 1 ou 2 points de fuite, sans vous compliquer la vie. Ce qui compte réellement, c’est d’imaginer votre décor dans une grille en 3 dimensions, pour savoir comment cette grille se place par rapport à vous. Et ça, peu importe si vous regardez en haut, en bas, ou si votre caméra est basculée de 90° vers la droite.
Un dutch angle
Même si vous ne connaissez pas ce terme venu du cinéma, si je vous dis que c’est le nom qu’on donne aux plans ou la caméra est inclinée de côté, cela vous parlera sûrement. Très utilisé pour donner une sensation d’instabilité ou de malaise, il peut aussi être appliqué au dessin pour donner cet effet ou accentuer le dynamisme… mais comme cela revient à tourner sa feuille de biais, même si la composition sera différente, cela ne changera rien au placement du plan de l’image par rapport à ce qui est représenté. Cette composition peut apporter un plus à votre image, mais la construction de la perspective, qu’elle soit à 1, 2 ou 3 points de fuite, restera la même.
Une perspective étendue
Vous avez sans doute déjà vu des panoramiques, des photos en fish-eye, ou les perspectives isométriques (si cela ne vous dit rien, pas d’inquiétude, je parlerai de tout ça dans le prochain article). La perspective à 3 points de fuite n’est pas une de ces perspectives étendues, même si on y retrouve en grande partie les mêmes règles. Comme toutes les perspectives linéaires, elle correspond à un champ de vision limité comme le nôtre.
Si vous essayez de faire un cadrage trop large quand vous dessinez en perspective à 3 points de fuite, vous aurez sur le bord des éléments très déformés qui paraitront aberrants à la personne qui regardera votre dessin. Pour un effet de déformation ou un dessin en panoramique, on a besoin de lignes de constructions courbes, et il vaut mieux utiliser des grilles de construction spéciales.
Comment dessiner en perspective à 3 points de fuite ?
Vous vous demandez comment, de manière concrète, vous pouvez faire un dessin en perspective à 3 points de fuite ? C’est à la fois très simple et très compliqué. Très simple, parce que beaucoup de règles de la perspective à 1 ou 2 points de fuite continuent de fonctionner, vous permettant d’utiliser les mêmes techniques sans être trop dépaysés, mais aussi très compliqué, parce que quelques unes ne fonctionnent plus telles quelles et qu’il faut alors repenser à toute la logique qui se cache derrière pour pouvoir construire votre image autrement.
Ne pas perdre ses repères : points de fuite et ligne d’horizon
La perspective linéaire à 3 points de fuite permet d’ajouter une nouvelle dimension à votre dessin : alors qu’avant, vous étiez « cloués au sol » avec votre caméra, c’est comme si tout à coup, vous pouviez flotter dans l’espace et regarder dans toutes les directions. Mais, comme un astronaute, il faut savoir s’orienter dans cet espace pour ne pas finir complètement perdu.
Ces repères, ce sont vos points de fuite et votre ligne d’horizon. Ce sont vos coordonnées. S’ils sont correctement ancrés, vous pourrez construire votre perspective, faire des dessins en plongée ou contre-plongée qui fonctionnent, et vous lancer dans des illustrations compliquées qui souffleront vos lecteurs. Sinon… vous risquez d’avoir des perspectives bancales, de vous perdre en route et de ne jamais terminer votre dessin.
Plongée et contre-plongée : quel angle de vue choisir ?
Dans le premier article sur la perspective, je vous disais que la ligne d’horizon, c’était la ligne qui représentait le plan à hauteur d’œil de l’observateur. Un plan perpendiculaire à celui de l’image, sur lequel on retrouverait tout ce qui est parallèle à l’observateur.
Sauf qu’en faisant un dessin en plongée ou en contre-plongée, on fait apparaitre un nouveau point de fuite, au-dessus ou en dessous de cette ligne d’horizon pour construire une perspective à 3 points de fuite, il se passe exactement la même chose que quand on passe d’un à 2 points de fuite : ce plan si pratique représenté par la ligne d’horizon n’est plus perpendiculaire au plan de l’image !
Vous vous souvenez peut-être dans le premier article que je parlais de la différence entre la hauteur de la caméra et son angle de vue ? Et bien, c’est exactement là que ça se joue. Au lieu d’avoir une structure parallèle au plan de l’image, on se retrouve de biais.
Pour reprendre la métaphore de la fenêtre qui représente le plan de l’image du premier article, au lieu d’avoir une fenêtre verticale, vous regardez tout à coup le monde à travers un velux. Avec cette vue en plongée, tout est différent, les murs et le sol sont inclinés par rapport à ce qu’on voit… Pourtant, la pièce n’a pas changé. C’est juste votre angle de vue qui est différent !
Dans la « vraie vie », il est très rare que ce que nous avons sous les yeux corresponde exactement à une perspective à 1 ou 2 points de fuite, et que les verticales soient parfaitement parallèles (il suffit de regarder légèrement au-dessus ou en dessous de notre ligne d’horizon pour que ça ne soit plus tout à fait le cas). Simplement, ce point de fuite est tellement loin et la déformation est tellement faible qu’elle n’est pas perceptible à l’œil nu.
C’est pour cela que même si la ligne d’horizon n’est pas placée exactement au centre de l’image, nous ne sommes généralement pas gênés par les lignes verticales d’une perspective à 2 points de fuite, même si, théoriquement, avec le regard est orienté vers le haut ou vers le bas, ces lignes devraient converger vers un point de fuite.
Une perspective à 3 points de fuite, c’est tout simplement une plongée ou contre-plongée trop prononcée pour qu’on puisse croire que le plan correspondant à la ligne d’horizon est perpendiculaire à l’image.
Redéfinir la ligne d’horizon
À ce moment-là, on se retrouve avec un problème : notre ancienne utilisation de la ligne d’horizon ne marche plus, ou en tout cas, plus tout à fait.
- La ligne d’horizon, celle qui correspond à la hauteur d’œil, est excentrée en haut du dessin si on regarde en plongée (vers le bas et en contrebas) et en bas du dessin si on est en contre-plongée (en regardant vers le haut).
- Le plan de l’image n’est pas perpendiculaire au plan de la ligne d’horizon. Plus l’image est orientée vers le haut ou vers le bas, plus la ligne d’horizon s’éloigne du centre de l’image.
- Les éléments sur un plan parallèle à celui de la hauteur d’œil ne seront pas rassemblés sur une même ligne, mais dépendront de leur placement dans l’espace.
- On peut tout à fait imaginer tracer une ligne matérialisant un plan perpendiculaire à l’image (qui se placerait au centre du dessin) mais elle représenterait un plan incliné par rapport aux éléments représentés, et ça ne serait pas une ligne d’horizon.
Ce que ça veut dire, c’est que pour tracer votre perspective à 3 points de fuite, vous avez besoin d’une information supplémentaire pour placer votre ligne d’horizon : l’angle d’observation de ce que vous allez représenter, non seulement en largeur, mais aussi en hauteur.
Les limites du champ de vision
Comme il s’agit d’un plan incliné par rapport au plan de l’image, il n’est pas rare que cette ligne d’horizon disparaisse de l’image. Je dirais même plus, il y a des cas où il FAUT qu’elle disparaisse de l’image. Si votre point de fuite est directement visible dans votre dessin en perspective à 3 points de fuite, par exemple.
Vous vous souvenez de ce que je vous disais sur l’angle de vision dans l’article précédent ? Notre champ de vision est limité à 60°, alors qu’un angle droit fait 90°. Le principe est le même en hauteur. De la même manière qu’on ne peut pas voir apparaitre deux points de fuite perpendiculaires sur son illustration en perspective, on ne peut pas voir apparaitre à la fois son point de fuite vertical et sa ligne d’horizon. Il faudra choisir son point de vue et montrer soit l’un, soit l’autre… soit aucun des deux !
Vous pouvez conserver la règle des 60°/90° en hauteur, elle fonctionne plutôt bien. Son principe, c’est que l’intervalle entre 2 points de fuite perpendiculaires l’un par rapport à l’autre doit faire au moins 1,5 x la longueur maximale de votre image pour respecter notre champ de vision et éviter les aberrations.
Je dis bien au minimum, parce que vous pouvez tout à fait placer vos points de fuite de manière plus éloignée et avoir un cadrage plus serré. Cela fonctionne exactement comme une photo : vous avez un angle de vue maximum, mais rien ne vous empêche de zoomer ou de recadrer votre image. Pour le dessin en perspective à 3 points de fuite, c’est pareil, à part que prévoir des points de fuite très écartés peut vite devenir contraignant quand on travaille au format papier.
Quelques révisions
Reporter les distances en perspective à 3 points de fuite
Une des difficultés de la perspective à 3 point de fuite, c’est de rester cohérent, notamment pour la taille des objets. Si vous avez un élément dont vous connaissez la taille, n’hésitez pas à faire voyager cette mesure en 3 dimensions en suivant vos lignes de fuite pour vous aider à respecter l’échelle.
En arrivant à cet article, vous devez connaître la technique des diagonales pour reporter les distances. Le principe est le même pour une perspective à 3 points de fuite, sauf qu’au moment de tracer vos lignes verticales, vous devrez les faire converger vers leur point de fuite au lieu de tracer des lignes parallèles. Les rectangles seront encore plus déformés que durant vos essais précédents, mais leurs diagonales continueront à se couper en leur centre dans les perspectives à 3 points de fuite, ce qui vous permettra de décomposer vos éléments et recomposer des grilles de construction.
Pour tracer une grille en 3 dimensions dans une perspective à 3 points de fuite dans les règles de l’art, en revanche, le défi est vraiment trop complexe pour que je puisse en parler ici. Il faudra construire ce que vous pouvez en vous basant sur les connaissances que vous avez sur la perspective à 2 points de fuite et vous fier à votre œil pour le reste. C’est pour cette raison que je conseille de faire du dessin d’observation en plus de la perspective théorique, cela aiguisera votre regard et vous aidera à détecter ce qui ne va pas.
Tracer des formes complexes
Les points de fuite secondaires peuvent toujours être utilisés dans une perspective à 3 points de fuite. Ils vous permettent toujours de tracer des diagonales, construire des damiers au sol ou des plans inclinés, et d’intégrer des éléments plus complexes à votre dessin. J’en ai parlé un peu plus dans les deux articles précédents, et s’il faut un peu d’expérience pour les placer correctement, ils peuvent être d’une grande aide pour construire des images complexes.
De la même manière, vous pouvez tracer des éléments complexes en utilisant des formes de bases simples. Je ne développerai pas tout en détail ici, si le sujet vous intéresse, je vous conseille le livre « La perspective par l’exemple » aux éditions Eyrolles, dans lequel vous découvrirez plein de techniques dont je n’ai pas le temps de parler ici.
Perspective à 3 points de fuite : un exemple pas à pas
Bon, je vous ai parlé un peu de théorie, mais comme un dessin vaut mieux qu’un long discours, je vous propose maintenant de découvrir un exemple concret avec une illustration dont vous suivrez la réalisation étape par étape, avec les explications de ce que je fais au fur et à mesure. Allons-y !
Recherche de la composition
Pour cette illustration à 3 points de fuite, j’ai décidé de dessiner des buildings en contre-plongée pour rester sur des formes cubiques, et d’y ajouter quelques arbres et des personnages pour donner un peu de vie.
On a un personnage au premier plan, qui, vu son placement, est forcément plus grand (ou plus haut) que l’observateur. Dans ce dessin en perspective à 3 points de fuite, on peut imaginer que cette image est vue à travers les yeux d’une personne en contrebas, soit parce qu’elle monte des marches, soit un enfant qu’on emmène vers l’immeuble, ou même les deux.
Réfléchir à ce genre de choses est important, puisque cela vous permet à la fois de savoir comment composer votre image en perspective à 3 points de fuite en sachant où placer les éléments, mais aussi à savoir si ce qu’elle montre et si l’impression qu’elle donne correspond à ce que vous voulez faire passer. Ne sous-estimez donc pas cette étape !
Placer ses points de construction
Pour cette illustration en perspective à 3 points de fuite, j’ai décidé de travailler directement sur une feuille A3 sur laquelle je place mes points de fuite, à l’intérieur de laquelle je prévois un cadre qui correspondra au format final de l’illustration.
Comme on est sur une contre-plongée très marquée, le point de fuite vertical est très proche du bord de l’image. L’angle de vue est plus proche du zénith que de la ligne d’horizon. Je l’ai donc placée le plus bas possible, à savoir le long du bord de ma feuille.
Contrairement à un dessin en perspective à 1 ou 2 points de fuite, pour dessiner en perspective à 3 points de fuite, une équerre ne vous sera pas d’une grande utilité. En revanche, vous aurez toujours besoin d’une règle ! Pour votre dessin en perspective à 3 points de fuite, je vous suggère d’utiliser un critérium fin ou de tourner entre plusieurs couleurs pour mieux vous y retrouver (vous pouvez même faire les deux).
Positionner les éléments en perspective
Une fois que vous avez vos points de fuite, vous pouvez reprendre la composition de votre croquis à l’échelle. Pas besoin d’être très précis non plus, cette étape sert juste à vérifier que la taille et l’emplacement des éléments fonctionne bien.
Ici, je travaille à main levée pour aller plus vite en composant l’image et en vérifiant comment fonctionne la perspective. L’idée est de savoir déjà comment placer grossièrement les éléments avant de les déplacer si nécessaire. J’esquisse aussi le futur cadre, celui qui correspondra à l’image finale.
Construire la structure globale
Une fois les éléments placés correctement, j’éclaircis le crayonné en utilisant une gomme mie de pain puis je travaille à la règle pour construire les immeubles.
Je reporte la hauteur du personnage après avoir estimé la distance entre le sommet de sa taille et la ligne d’horizon. Cette mesure, que j’ai estimée à 80 cm environ, est multipliée par 3 pour former un étage d’immeuble. Pour les dessiner, je reporte les distances en perspective grâce à la technique des diagonales.
Pour les tracés en perspective à 3 points de fuite, le principal changement, c’est que les lignes verticales sont aussi concernées, mais les systèmes de construction et de diagonales fonctionnent toujours. Pour le reste, c’est un jeu de report des distances et de construction en blocs.
Détails et éléments organiques
Dessiner en perspective, c’est un petit peu comme commencer par coller des cubes ensemble avant de les sculpter. On part de la structure générale pour aller vers le détail. Pour ce dessin en contre-plongée, je voulais dessiner un escalier : j’ai commencé par placer les plateformes un étage sur deux (en alternant selon le côté de l’immeuble) puis j’ai dessiné les escaliers. Pour dessiner ces plans inclinés, j’aurais aussi pu utiliser deux autres points de fuite verticaux, que j’aurais placé au-dessus et en-dessous du point de fuite de gauche.
Il est temps de détailler les éléments organiques en perspective. Ce que j’appelle comme ça, ce sont les personnages, la végétation, les drapés, etc. Bref, tout ce qui n’est pas composé d’éléments géométriques et de lignes bien droites.
Ce n’est pas parce qu’ils ne rentrent pas dans des cases qu’ils peuvent échapper aux lois de la perspective à 3 points de fuite : ainsi, même si on ne voit que ses épaules, la silhouette du personnage s’inscrit entre deux lignes de fuite verticales, et le tronc d’arbre, bien que pas très droit, va se diriger vers le même point de fuite et s’affiner en s’en approchant. N’hésitez pas à inscrire ces éléments dans des cubes pour savoir comment ils vont se placer dans l’espace, surtout dans un dessin en plongée ou en contre-plongée qui sont des angles de vue inhabituels.
Mise au propre
Pour mettre au propre mon dessin en perspective à 3 points de fuite, j’ai travaillé à la table lumineuse, ce qui me permet de séparer mon croquis de mon illustration finale en ayant un support propre. Je conseille toujours de travailler du plus proche au plus lointain, pour ne pas dessiner des éléments qui seront recouverts par un objet plus proche.
Ici, les éléments en question, ce sont des détails « organiques » qui participent à l’effet de contre-plongée et suivent la perspective à 3 points de fuite, avec plus de souplesse. Pour donner un peu plus de volume, j’ai travaillé avec 2 tailles différentes de critérium (0.7 pour le premier plan, 0,35 pour le reste).
Je dessine ensuite le reste du décor, à main levée pour donner un peu plus de vie. C’est à cette étape que je rajoute certains détails fins, comme les rambardes des escaliers. C’est typiquement le genre de détails que j’évite de mettre sur le crayonné, pour rester lisible par transparence.
La mise au propre terminée, il ne reste plus qu’à rajouter des détails, de la couleur, des effets de texture, de lumière, etc. pour parachever le dessin.
Conclusion
La perspective à 3 points de fuite n’est pas une tâche aussi terrible que ce qu’on peut s’imaginer : tout dépend de ce que vous voulez représenter. Par contre, il faut déjà avoir une bonne compréhension des bases de la perspective, bien choisir l’emplacement de ses points de fuite, sa composition, etc. Enfin, comme vous pourrez difficilement tracer une grille de construction permettant de reporter des distances dans routes les direction, vous devrez davantage vous fier à votre instinct pour respecter les proportions des éléments représentés.
N’oubliez pas que la complexité d’un dessin en perspective à 3 points de fuite ne dépend pas seulement du nombre de points de fuite, mais aussi d’autres aspects comme la quantité d’éléments, leur placement les uns par rapport aux autres, leur forme… votre capacité à décomposer ce que vous voulez dessiner en formes plus simples et à les placer correctement dans l’espace.
Tous ces points, vous pouvez les travailler petit à petit, en commençant par des objets et des angles de vue simples. Avant de dessiner un escalier en contre-plongée et de vous battre avec 3 points de fuite, commencez déjà par comprendre sa structure dans une perspective à 1 ou 2 points de fuite. Et n’oubliez pas qu’il y a encore beaucoup à découvrir !
D’ailleurs, dans le prochain article de la série sur la perspective, on quittera la technique pure pour découvrir des perspectives spéciales et d’autres outils originaux. En attendant, je vous invite à rêver devant le travail d’artistes inspirants comme Mathieu Bablet, un auteur de la BD de SF Sillage et connu pour son travail sur les décors.