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Quand on se met à faire une BD ou un manga, il est facile de s’imaginer le jour où il sera imprimé et où on pourra tenir dans ses mains son propre livre. C’est encore plus vrai aujourd’hui, avec les imprimeurs en ligne qui rendent l’autoédition plus accessible que jamais… Mais attention ! Ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air, et la publication au format papier peut être l’occasion de grandes déceptions.

C’est pour ça que je voudrais vous présenter 7 pièges à éviter pour faire une BD en autoédition pour vous permettre d’avoir une impression de qualité à la fin.

Que vous soyez certains de vouloir l’imprimer au format papier ou que ça ne soit qu’un vague projet, voici les principales erreurs à éviter au moment de commencer à dessiner vos planches. Croyez-moi, y réfléchir dès le début vous économisera beaucoup de temps et vous évitera des problèmes !

Penser aux contraintes du format final avant de faire une BD

Format digital, format papier

Avec la publication sur internet, les possibilités sont infinies : publier une BD verticale se déroulant sur plusieurs mètres, intégrer des animations, des liens cachés ou visibles, faire des histoires interactives, avec différentes fins, etc…

Ce sont des outils passionnants qui permettent de nouvelles manières de raconter des histoires, mais il ne faut pas oublier que le format papier ne permet pas toutes ces choses ! Avant de faire une BD intégrant ce genre d’éléments, pensez bien qu’il sera le plus souvent impossible de les réutiliser au format papier. Au moment d’imprimer un livre, vous risquez de devoir supprimer ces passages, peut-être redessiner des pages pour « boucher les trous » et garder le sens de l’histoire… Cela peut demander beaucoup de travail ou même être impossible. Bref, il ne faut pas prendre ça à la légère !

(Besoin de conseils pour financer l’impression de votre livre ? N’hésitez pas à consulter l’article sur les 4 points importants d’une campagne Ulule réussie !)

Le cas des Webtoons

Les Webtoons sont des BD en ligne à la lecture verticale. Comme il n’y a pas d’interruption à l’intérieur du chapitre, on le lit généralement d’une traite… Ce format, particulièrement adapté à la lecture sur téléphone, permet beaucoup de liberté, mais c’est un vrai cauchemar à transposer au format papier.

En effet, contrairement à une page web, un livre aura des pages toutes de la mêmes taille. Chaque planche de BD devra donc conserver les mêmes proportions et avant de pouvoir imprimer un webtoon, il y a un gros travail de découpage à faire. Il faut souvent déplacer et redimensionner les cases, parfois couper des images en deux… avec un résultat souvent décevant.

Difficile d'imprimer un livre à partir d'un webtoon. Dratfy ne sait pas quoi faire de ce format.
Transformer un Webtoon en un livre au format papier promet beaucoup de bricolage et de soucis. À éviter !

La solution ? Évitez ce format si vous pensez sérieusement imprimer un livre à partir de votre manga ou BD. Si vraiment, vous voulez vous lancer, commencez par lire l’article sur le format webtoon, puis réfléchissez dès le début à des démarcations régulières là où vous couperez chaque page pour le format papier, et essayez de les rendre le moins visible possible. Préparez-vous aussi à refaire de la mise en page pour adapter le découpage au format de double page, très différent de la lecture verticale. Travailler sur ordinateur sera évidemment un gros plus par rapport au dessin sur papier.

Prévoir la mise en page et la taille du livre

Vous l’aurez compris, si votre but est d’imprimer un livre, le mieux est encore de prévoir directement la mise en page pour le format papier et de faire une BD en ayant cet objectif à l’esprit.

Voici quelques éléments à planifier :

Penser en double page

Je parlais juste au-dessus de double-page, et c’est un élément clé du format papier. Au moment de faire une BD, pensez directement à ce que ça donnera une fois imprimé : ce serait dommage de rater un effet de surprise ou de couper une double-page en deux parce les planches sont décalées par rapport à ce que vous aviez prévu.

Si vous voulez ajouter des pages entre des chapitres, vous pouvez déjà y réfléchir. En tout cas, dans un livre en sens de lecture occidentale, les pages impaires seront TOUJOURS à droite, et les pages paires à gauche. Si ce n’est pas le cas, c’est que vous avez cafouillé quelque part !

Pour faire un manga, l’emplacement des pages gauche et droite sont inversés, mais le principe reste le même.

Faire une BD en un ou plusieurs tomes ?

Demandez-vous quelle taille fera votre histoire, pour estimer le nombre de pages que vous aurez à imprimer et combien ça vous coûterait. On peut imprimer des livrets dès 16 pages, les lecteurs apprécieront un contenu plus consistant. D’un autre côté, plus un livre est gros, plus il sera cher à fabriquer, et donc à vendre, et il y a un nombre maximum de pages à ne dépasser, pour le prix comme pour le confort de lecture. 200 pages, c’est déjà beaucoup pour une BD, et 500 pages est un peu la limite à ne pas dépasser pour imprimer un livre en autoédition.

Si vous avez prévu une histoire longue, Il faudra la couper en plusieurs tomes. Si vous avez déjà une idée des moments important, vous avez intérêt à prévoir la structure, par exemple pour avoir un cliffhanger à la fin du livre qui donnera au lecteur envie de d’acheter la suite !

Attention, faire une BD en plusieurs tomes, c’est beaucoup de travail pour la dessiner, mais aussi pour la suite ! Vous devrez :

  • Prévoir un budget pour imprimer les différents tomes
  • Prévoir de la place pour les stocks
  • Gérer les stocks et les ventes qui seront différentes d’un tome à l’autre
  • Vous préparer à devoir réimprimer les premiers tomes pour pouvoir vendre les suivants…

D’expérience, si vous pouvez commencer par une histoire complète, vous vous simplifierez beaucoup la vie !

qui dit auto-édition dit stockage de livres. Faire une BD en plusieurs tomes demandera d'autant plus de place.
Quand j’ai imprimé Sweet Suicide, avec 2 tomes et 1 artbook, j’ai reçu pas moins de 7 cartons à stocker chez moi !

Estimer le nombre total de pages

Vous avez déjà une idée de ce à quoi devrait ressembler votre livre fini, avec une page pour les dédicaces, une page de présentation du projet, des gags à la fin de chapitre, des bonus… Même si n’importe qui peut se lancer dans l’autoédition, pensez bien qu’il y a des règles de mise en page et qu’il vaut mieux les respecter pour avoir une présentation agréable. Cela veut dire que vous aurez parfois des pages blanches à glisser dans votre livre, des mentions légales, etc…

Pour savoir exactement de combien de pages vous aurez besoin au moment d’imprimer un livre, vous pouvez dessiner un « chemin de fer », qui représente tout le contenu du futur livre, avec une miniature de chaque double page, en incluant les pages de titres, les bonus, la couverture, etc… Cela permet de décider de l’ordre de certains éléments, et il suffit après de les numéroter pour savoir le nombre total de pages, et donc combien ça vous coûtera d’imprimer un livre en autoédition.

exemple de chemin de fer, une étape indispensable pour estimer le nombre de pages avant de faire imprimer un livre au format papier
Pas besoin de faire un chemin de fer très détaillé, tant que vous savez à quoi correspond le contenu de vos pages !

Prévoir le format du livre et les proportions

Pour votre impression au format papier, si vous hésitez entre du A4 ou A5, ce n’est très grave, mais si vous voulez quelque chose de plus fantaisiste, comme un format carré par exemple, mieux vaux prévoir directement des planches aux bonnes dimensions pour ne pas avoir à bidouiller, ou pire, les recommencer. Vous pouvez déjà vous renseigner sur les formats possibles en échangeant avec des imprimeurs. En tout cas, n’oubliez pas qu’une fois décidé, toutes vos pages devront faire la même taille !

Attention aux mangas ou livres de poche qui n’ont pas les mêmes proportions que le A4 ! Si vous n’êtes pas attentifs, vous pourriez vous retrouver avec vos planches coupées sur les côtés, ce serait dommage.

exemples de la variété du format papier des livres et BD en autoédition,
10 livres en autoédition et autant de formats ! Au moment d’imprimer un livre, mieux vaut avoir tout prévu.

Pour faire une BD, la plupart des dessinateurs travaillent sur un format plus grand que celui de l’impression qui leur permet de mieux travailler les détails et de faire disparaître des petits défauts. Certains travaillent sur du A3, d’autres sur un format encore plus grand… À vous de choisir ce qui vous convient, pourvu que les proportions finales soient bien respectées.

Faire une BD noir et blanc ou couleur ?

Hésiter entre le noir et blanc et la couleur pour faire une BD est une question bien normale.
Faire une BD en noir et blanc ou couleur ? Pas de bonne réponse absolue, le choix dépend de vous !

Travailler en noir et blanc ou en couleur peut être un choix artistique, mais pour imprimer un livre, ça implique aussi des contraintes techniques. Chacun des choix a ses avantages :

Travailler en noir et blanc est :

  • Plus rapide a réaliser
  • Moins cher à imprimer
  • Plus simple à préparer pour l’impression

La couleur, elle, offre plus de possibilités et est plus attractive pour les lecteurs… mais elle a aussi ses défauts :

  • Plus longue à travailler
  • Plus chère à imprimer
  • Plus technique à préparer (nécessite d’utiliser les modes de couleur et les profils colorimétriques)
  • Un résultat parfois imprévisible au format papier (couleur non respectées, plus ternes, etc)

Les mangas sont la preuve qu’une BD n’a pas besoin d’être en couleur pour plaire. Les deux ont leurs contraintes techniques, et scanner ses planches de manga n’est pas aussi simple qu’il y parait ! Tout dépend de ce que vous voulez faire. Sachez juste qu’imprimer un livre en couleur demande plus de travail de préparation, et que les nuances sur écran ne peuvent pas toujours être reproduites. Si vous vous lancez dans l’autoédition, faire une BD en noir et blanc peut être plus simple pour commencer.

Si vous voulez faire une BD que vous comptez imprimer en couleur, sachez que certains logiciels de dessin ont une option qui permet de n’afficher que les couleurs imprimables. Cela vous permettra d’éviter de les utiliser, ou de les retoucher pour vous rapprocher du résultat voulu !

exemples des couleurs non imprimables sur photoshop, affichées avec le raccourci Maj+Ctrl+Y
Le nuancier de Photoshop avec la fonction Maj+Ctrl+Y. La zone grise correspond aux couleurs non imprimables.

La plupart des imprimeurs vous proposeront une quadrichromie classique (le fameux CMJN) avec cette limitation, et vous demanderont des réglages spécifiques. Il existe aussi des encres Pantones avec plus de nuances, des fluos, dorés, etc, mais leur utilisation est plus rare et coûteuse… Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille notre article comprendre le CMJN.

Faire attention à la résolution

Une erreur courante est de travailler sur une faible résolution, en utilisant le format par défaut du logiciel. C’est un élément important pour imprimer un livre, puisque si elle n’est pas suffisante, l’image sera pixelisée et de mauvaise qualité.

exemple d'image pixellisée. La qualité d'image est un élément clé si vous voulez faire une BD et imprimer un livre autoédité.
Exemple d’image pixelisée (ici de manière volontaire, vous pouvez voir que la bulle, elle, est nette)

Pour afficher sur un écran, une résolution de 75 dpi suffit le plus souvent, mais une imprimante, plus fine, a besoin de plus de détails. Une image qui parait nette sur votre ordinateur peut se retrouver floue une fois imprimée, et vous ne voulez pas devoir redessiner toutes vos pages avant l’impression à cause d’un détail aussi bête ! Pour vous éviter cette déception, vérifiez bien ceci :

  • Vous travaillez sur une image qui fait au minimum la taille de votre future page
  • Votre document est en 300 dpi minimum pour de la couleur (il est même conseillé de travailler en 600 ou 1200 dpi pour du noir et blanc)
  • Si vous utilisez des trames pour faire un manga, il est conseillé de travailler en 1200 dpi et aux dimensions exactes de la page. Si vous changez de format après avoir posé vos trames, vous risquez d’avoir des moirages à l’impression, comme l’explique l’article sur les trames de Alan Heller.

Pour les planches réalisées sur papier, c’est moins grave que sur le format digital : on peut toujours scanner de nouveau dans une meilleure résolution, mais on ne peut pas inventer des détails qui n’existent pas sur un fichier image. Malgré tout, vous n’avez pas envie de vous rajouter inutilement du travail, surtout que ces planches ont généralement besoin d’être retravaillées après avoir été scannées.

Penser aux marges et fonds perdus

Quand on feuillette un manga, ce n’est pas rare de voir des cases s’étalant jusqu’au bord de la page… pour autant, pour faire un manga, il ne suffit pas de dessiner sa planche en s’arrêtant au bord de la future page. si vous faites ça, vous n’aurez pas de soucis pour une publication en ligne, mais vous aurez de gros problèmes en passant au format papier.

Les marges : une zone de sécurité

La marge est une zone vide qui sépare le contenu du livre des bords de la page. Généralement d’un ou plusieurs centimètres, elle est particulièrement importante au format papier, pour plusieurs raisons :

  • Avoir une présentation aérée qui rend la lecture plus agréable
  • Protéger le contenu du livre (le bord des pages peut se plier, s’abîmer, se déchirer…)
  • Être sûr que les éléments importants de la page restent présents, même si le livre est mal massicoté

Pour faire une BD, prévoyez donc une marge d’un ou plusieurs cm (les dimensions dépendent de l’imprimeur) qui correspondra aux contours de votre BD. Si vous voulez faire des cases qui débordent de ce cadre pour aller jusqu’au bord de l’image, c’est possible, mais à trois conditions :

  • Votre imprimeur peut travailler à fond perdu (renseignez-vous !)
  • Ne pas mettre d’éléments importants (texte, éléments du dessin indispensable à la compréhension) à l’extérieur du cadre
  • Prévoir des fonds perdus
présentation des lignes de démarcation de marge, page et fond perdu pour préparer l'impression d'un livre
Tout ça peut vous paraître compliqué, mais c’est essentiel d’y penser pour faire une BD au format papier !

Les fonds perdus : Pour imprimer les images sur toute la page

Les fonds perdus, c’est un prolongement de vos dessins qui déborde de la page finale. Il permet d’être sûr que l’image soit imprimée jusqu’au bord, même si la machine qui recoupe les bords du livre n’est pas bien réglée. Sans elle, vous risqueriez de voir apparaître une bande blanche tout au bord de vos pages.

exemple de marge blanche non voulue sur le format papier d'un livre imprimé en autoédition
Sur ce manga imprimé en autoédition, le fond perdu n’était pas suffisant pour éviter un bord blanc à droite.

Un fond perdu fait généralement entre 3 et 5 mm. Si vous ne savez pas encore quelle sera la taille de votre BD au format papier ou par quel imprimeur vous comptez passer, n’hésitez pas à compter large sur votre document ou votre planche papier ! C’est une sécurité pour vous, mieux vaut en avoir trop que pas assez. Par contre, pensez bien que cette zone ne sera normalement pas visible sur le livre final, donc évitez de perdre du temps à y mettre des détails inutiles au moment de faire votre BD

Vérifier la lisibilité avant d’imprimer un livre

"Pourquoi c'est écrit aussi petit ? Cette tache, là, c'est un bonhomme, en fait ?" Faire une BD, c'est aussi s'assurer qu'elle soit lisible au format papier !
Veillez à ce qu’un manque de lisibilité ne gâche pas le plaisir de la lecture !

La lisibilité du texte

Avant d’imprimer votre livre, vérifiez la taille et la lisibilité de votre typo. Un texte trop petit ou trop grand sera désagréable à la lecture. Cela dépend beaucoup du type de police utilisée et du style de la BD, mais il vaut mieux rester entre 8 et 12 points pour un livre imprimé. Des dialogues écrits tout en majuscules pourront être dans une typo plus petite (c’est d’ailleurs le plus courant dans les BD et manga). Au contraire, une police imitant l’écriture cursive sera plus difficile à lire et devra être plus grande.

L’idéal pour se faire une idée est de faire des tests à taille réelle avec une imprimante de bureau. Faites attention aussi aux contrastes : un texte en blanc sur noir ou imprimé sur fond gris sera plus difficile à lire que le classique noir sur blanc !

La lisibilité des textes est aussi un enjeu sur écran. De plus en plus de gens lisent sur téléphone, sur un format assez petit. Si vous publiez en ligne, sur le site de Mangadraft par exemple, pensez à eux aussi et n’hésitez pas à tester sur votre propre téléphone !

La lisibilité de l’image

Surtout si vous voulez imprimer un livre dans un petit format, vérifiez que le tout reste lisible ! Vous avez fait de magnifiques hachures, mais une fois divisé par 4, on ne voit plus rien ? Vos dessins sont trop pales, vos traits trop fins ? Pour éviter ce genre de déconvenues après de longs mois de travail, n’hésitez pas à faire des tests dès les premières planches en imprimant quelques pages au format final de votre future BD. Si vous n’avez pas d’imprimante, vous pouvez au moins afficher votre page à la taille dans laquelle elle sera imprimée pour vous faire une première idée.

Conclusion

Je suis loin d’avoir tout dit sur le sujet, mais ce sont à mon avis les points les plus importants. Si vous avez réfléchi à tout ça avant de commencer à faire une BD, vous ne devriez pas avoir de gros problèmes le jour ou vous déciderez de passer au format papier. Bon, il y a bien d’autres choses à savoir avant d’imprimer un livre parfait, mais on verra ça une autre fois. En attendant, au boulot !

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